Articles

Commémoration en hommage à Missak Manouchian à Paris

Paul Eduard écrivait à propos du groupe Manouchian

« Un soleil de mémoire éclaire leur beauté.
[…]
Leur vie tuait la mort
[…]
Lorsqu’on ne tuera plus
Ils seront bien vengés
Et ce sera justice »

Missak est arménien, survivant du génocide, victime du nationalisme turc, de la barbarie fasciste, de l’exil et de l’indifférence du monde.

Missak a été exécuté pour s’être opposé au régime nazi. Un Régime qui avait mit en place les conditions légales de l’oppression des juifs, des immigrés, de resistants et de tant d’autres. La loi a alors permis de réunir les conditions de mise en œuvre des pires actes qu’un homme peut infliger à un autre homme.

Il faut donc aujourd’hui, se souvenir que l’apartheid, et la ségrégation étaient légales, comme le génocide l’était en Turquie et dans le IIIe Reich. Si une leçon est à tirer de l’exécution de Missak Manouchian et de ses camarades, c’est que la loi et la légalité n’ont que peu à voir avec la notion de justice, lorsqu’elles sont mises entre les mains de l’oppresseur. Face à des lois injustes, Missak Manouchian désobéissait.

Ceux qui luttaient et luttent pour la justice se sont mis hors la loi jusqu’au péril de leur vie.

Le groupe Manouchian reflétait alors tout ce que les racistes et les fascistes méprisaient, il était composé de Juifs, d’Espagnols, d’Italiens, de Polonais, d’Arméniens, et de Hongrois.

Leur engagement contre la haine leur a valu la qualification de terroriste, mais ils ont tous accepté le risque d’être sacrifié et ont refusé la soumission.

Aujourd’hui, les Manouchian sont les engagés dans les bataillons de volontaires qui résistent en Artsakh, face aux armées turques et azerbaïdjanaises dans une guerre qui porte si mal son nom tant les forces en présences sont inégales, tant les mots prononcés par les dictateurs Erdogan et Aliyev sont limpides quant à leurs intentions.

Aujourd’hui les Arméniens sont confronté à la résurgence d’un vieux projet de mise à mort. Les massacres de civils, les scènes d’exil forcé, les tortures de vieillards, la destruction des églises et des villages … tout cela les criminels

l’exhibent avec fierté sur les réseaux sociaux. Et le monde demeure une nouvelle fois silencieux, indifférent et douloureusement inhumain.

Missak Manouchian a donné sa vie pour que d’autres puissent la vivre, pour que Paris soit débarrassée de la haine et du fascisme, pour que les amoureux puissent flâner sur les quais de Seine ou sur les grands boulevards, que les enfants jouent dans les parcs, pour qu’aucun mur ni barbelé n’entrave le bonheur des hommes et des femmes.

Les victimes de génocide, les opprimés et les damnés de la terre, ont vocation à être frères et sœurs ; car ils ont tous comme parenté de lutter contre la domination et l’oppression. Ils ne peuvent vivre dignement sans résister. Honorer ceux qui luttent, c’est porter en nous le flambeau de cette lutte. Qu’elle soit incarnée par un mouvement de résistance, ou d’émancipation.

Ce passé est notre présent.

Missak Manouchian était tout ça à la fois, un homme qui conquiert sa liberté, qui brise ses chaines de captif ; en vivant, en aimant, et en luttant.

Car la lutte est bien la première des pierres qui compose le chemin de la liberté.

Mais Manouchian n’est pas qu’un homme il est aussi le nom d’un groupe qui nous rappelle que c’est collectivement que nous mettons à bas les oppresseurs. C’est ensemble qu’ils ont résisté. Ensemble qu’ils ont eu la force de garder le silence malgré la torture, afin de protéger ceux qui allaient continuer le combat.

Missak Manouchian n’est pas seulement un héros, une figure, un moment de notre histoire. Il incarne un message, une idée dont la vocation est intemporelle.

Il nous dit aujourd’hui que lutter contre l’injustice se conjugue toujours au présent.