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24 avril 2021 : La lutte du peuple arménien n’est pas un choix mais une nécessité.


English versionՀայերեն տարբերակ

Cette année, le 24 avril a un goût particulièrement amer.
La guerre d’Artsakh nous rappelle à quel point, depuis plus d’un siècle, nous sommes seuls face aux politiques impérialistes et guerres criminelles qui veulent la disparition du peuple arménien.
Depuis le XIXe siècle, le peuple arménien subit des persécutions systématiques et systémiques sur les terres où il vit. Contraint de fuir, de se faire massacrer, ou de vivre sans son identité. Victime, apatride ou réfugié, voilà le destin qui nous était réservé. Les terres d’Arménie ne font que diminuer.

Le 24 avril 1915 marque le paroxysme de ce phénomène. Cette date marque le début de la plus grande épuration de masse que le peuple arménien ait dû subir. Aujourd’hui, la Turquie ne se contente plus de nier, ou de relativiser. Aujourd’hui le régime fasciste turc glorifie, revendique l’héritage des artisans du génocide des Arméniens.
Si le génocide est le moment le plus connu de cette tentative d’extermination, il n’est pas le seul. On ne peut oublier les massacres hamidiens, les massacres d’Adana, de Shushi, de Kirovabad (Gandja) ou encore les pogroms de Sumgayt, Bakou, ou le massacre de Maragha.
On ne peut oublier que du Sassoun au Nakhitchevan, il n’y a plus d’Arméniens aujourd’hui. Il suffit de regarder une carte pour voir comment les Arméniens ont disparu des terres sur lesquelles ils vivaient depuis des millénaires.

La guerre de 2020 a suivi cette logique génocidaire. Les crimes de guerre azerbaïdjanais visant les infrastructures civiles ont été quotidiens.
À Hadrut, à Talish, à Karmir Shuka, à Taghavard, des civils ont été massacrés. Il ne s’agit pas de dommages collatéraux, mais bien d’une continuation de la politique menée par les États turc et azerbaïdjanais, et ce depuis plus d’un siècle.
Cette guerre a ravivé de nombreuses blessures. L’exode des Arméniens durant la guerre, la dramatique situation des réfugiés, l’absence totale de soutien de la Communauté internationale.

2020 s’est déroulée comme 1915.

L’arrêt des combats ne doit pas nous faire croire que la paix va suivre. Comme depuis plus de 100 ans, ceux qui veulent les terres arméniennes
tentent sans relâche de nous rayer de la carte. Ils revendiquent déjà le Syunik, demain ils revendiqueront explicitement Yerevan et toute l’Arménie.

La fuite n’est pas une solution. En France, les fascistes turcs ont défilé à plusieurs reprises, dans une tentative d’intimidation. Nos écoles, nos cimetières, nos églises, nos lieux de mémoire sont profanés en Artsakh, en Turquie, mais aussi aux États-Unis et en Europe, y compris en France. Les fascistes et les impérialistes ne nous laisseront en paix que lorsque nous aurons disparu.

C’est pourquoi, la lutte n’est pas une option pour le peuple arménien. La lutte n’est pas un choix. La lutte du peuple arménien est une nécessité, une garantie de sa survie et de son existence.

Les grandes puissances veulent nous voir dociles et nous acheter avec de la mémoire. Comme en 1915, elles ne nous ont pas protégé et ne nous protégeront pas. C’est à nous d’assurer notre propre défense et nous l’affirmons aujourd’hui plus que jamais, notre dignité n’a pas de prix et elle ne succombera pas aux belles intentions de ceux qui nous tendent la main mais arment nos oppresseurs.

Ce n’est pas à nous d’avoir peur, ce n’est pas à nous de nous taire. Ce n’est pas à nous de nous effacer face à l’impérialisme panturquiste. Nos mots, nos droits, nos revendications, nous devons les imposer.
La Guerre pour la défense de l’autodétermination de l’Artsakh et des droits les plus fondamentaux de notre peuple a montré que les arméniens et les arméniennes savent se défendre et affronter, les armes à la main, leurs oppresseurs. Vivre libre ou mourir, c’est ce choix qui nous a été imposé.
Sans justice, nous ne nous tairons pas, nous ne resterons pas les bras croisés, nous ne courberons pas l’échine. Nous ferons entendre notre voix, nous ferons valoir nos droits. Sans justice, notre existence est menacée, la guerre en Artsakh en est l’incarnation.
La Turquie nous a encore une fois montré qu’elle ne respectera pas le droit, qui est pourtant souvent un instrument au service des puissants mais qui n’a plus aucun sens une fois que les premières bombes tombent sur des civils. Nous le savons, personne ne viendra au secours de notre peuple, aucun État ne lui ouvrira les portes de ses tribunaux. Notre Résistance sera notre Justice.

Cette justice, c’est celle qui condamne le génocide de 1915, et qui répare le crime commis par l’Empire Ottoman, dont l’État turc est le continuateur. Cette justice, c’est celle qui permet aux Arméniens d’Arménie, d’Artsakh ou d’ailleurs de vivre dans la dignité et la sécurité.
Cette justice, c’est celle qui nous permettra de penser l’avenir du peuple arménien sans les menaces des fascistes et de leurs armes. Mais pour cela il faut lutter, il faut arracher nos droits aux forces qui veulent nous détruire.

Depuis Abdul Hamid jusqu’à Ilham Aliyev, le peuple arménien a résisté. De Yerevan à Stepanakert, en passant par Berdashen et Shushi, le peuple arménien se bat et depuis 1915 chaque jour passé sur nos terres historiques est un acte de résistance. De Los Angeles à Paris, de Buenos Aires à Istanbul, le peuple arménien en diaspora est débout et solidaire des peuples d’Arménie et d’Artsakh.

Պայքար ամեն օր, ամեն տեղ
Vive le peuple arménien en lutte !