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L’insolente – discours avec Pinar Selek de Guillaume Gamblin

Rien ni personne ne peut arrêter Pınar Selek : ni les accusations infondées, ni la prison et les tortures, ni l’exil… Elle a la force de se reconstruire partout et toujours. Guillaume Gamblin recueille le récit de cette vie mouvementée d’où ressort la détermination d’une « insolente », c’est-à-dire d’une rebelle qui se bat contre toutes les dominations.

On connaît Pınar Selek. Sa mise en cause, dans ses précédentes publications, des pouvoirs en Turquie ont attiré l’attention. En particulier, le récit Parce qu’ils sont Arméniens revient sur le parcours intellectuel nécessaire, de la part d’une enfant turque, pour se libérer des préjugés inculqués.

L’insolente donne la totalité du champ critique de Pınar Selek. Même sa formation (en sociologie), elle l’a choisie pour comprendre et mieux dénoncer. Elle n’étudie pas des groupes sociaux, elle vit avec eux, toujours curieuse des groupes minoritaires, opprimés, marginalisés d’où viendront peut-être de profonds bouleversements pour la société tout entière. À Istanbul, elle va jusqu’à partager la vie des enfants des rues, à dormir avec eux, dehors. Ils la respectent comme une grande sœur. Ils sont les plus enthousiastes parmi ceux qui viennent l’accueillir à sa sortie de prison.

Procès à répétition, impossibilité de retourner dans son pays ; malgré tout, entre l’Allemagne, Paris, Strasbourg, Lyon, Nice, Pınar Selek parvient à terminer sa thèse de doctorat en sciences politiques, à publier plusieurs livres et de nombreux articles et à se faire une place dans sa société d’accueil, sans jamais renoncer à ses idéaux.

Guillaume Gamblin, L’insolente, Dialogues avec Pınar Selek, éd. Cambourakis, 211 p., 20 €.