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La route de mon frère de Markar Melkonian

La route de mon frère est la biographie de Monte Melkonian, écrite par son frère Markar Melkonian. Publié aux Etats-Unis en 2004, elle est traduite et publiée aux Editions Thadée début 2018.

C’est un ouvrage majeur sur la lutte arménienne. D’abord sur l’aspect historique : on entre dans les coulisses des groupes armés arméniens pendant la guerre du Liban, puis dans la guerre de libération d’Artsakh. Loin d’une image héroïque, le livre nous montre les conflits d’intérêts et les rivalités internes, offrant un témoignage important pour comprendre les succès et les échecs de la lutte arménienne.

Ensuite, sur l’aspect militant. Si Monte Melkonian est parfois perçu comme un de ces Arméniens de la diaspora qui a franchi le pas et s’est engagé dans la lutte armée, le livre nous montre la continuité du parcours de Monte, où le fait de prendre les armes n’était qu’un moyen, pas une fin en soi. Monte a énormément voyagé, de la Malaisie à l’Afghanistan, des monastères bouddhistes de Corée au voyage dans sa ville d’origine en Turquie, du Vietnam en guerre à l’Iran révolutionnaire. Très cultivé, il parlait plusieurs langues et a étudié l’archéologie, un moyen d’avoir une expérience de terrain et pas seulement livresque. Sa formation de militant s’est faite par des associations, sur les campus universitaires américains, puis par les rencontres à l’étranger avant de devoir prendre les armes. Cette expérience de terrain a forgé la vision du monde de Monte : l’oppression des peuples par ceux qui ont le pouvoir est réelle et la justice sociale est nécessaire. On ne peut finalement l’obtenir que par la lutte.

Ainsi, Monte n’était pas un nationaliste. C’était un internationaliste qui se battait pour la liberté et la justice. Ce combat mondial concernait de nombreux peuples que Monte a rencontré directement, avec qui il a travaillé, lutté. C’est dans cette lutte globale que s’inscrit le(s) combat(s) de Monte pour le peuple arménien. « La route de mon frère » nous rappelle que ce combat a été réel, important, et qu’il doit continuer à être mené aujourd’hui, aussi longtemps que le peuple arménien connaitra l’oppression.